La nouvelle stratégie occidentale contre l’EIIL-1. Obama comme “sauveur de l’islam et des Musulmans contre les griffes de l’EIIL”?

12.09.2014 Vatan
Traduit par: Haldun BAYRI /
Orjinal Metin (tr-12/09/2014)

Lorsque nous examinons la stratégie adoptée pour lutter contre l’EIIL, et annoncée par le Président américain Obama, nous y trouvons des vérités, des erreurs, des lacunes, des problèmes et des impasses. Je vais traiter certains d’entre eux pendant les deux jours qui viennent, sous trois titres: “en général”, “en Irak”, et “en Syrie”. Aujourd’hui je voudrais discuter de la stratégie “en général”.

Cela arrive tard, mais peut-être pas trop tard 

Les États-Unis auraient dû prendre en compte le phénomène de l’EIIL beaucoup plus tôt, et donc empêcher la chute de Mossoul. Washington n’a pas vraiment réagi lors de la prise de Mossoul par l’EIIL, mais avec le passage en zone de risque d’Erbil, c’est-à-dire du Gouvernement Régional Autonome Kurde, le cours des événements a changé. Malgré le retard accumulé, avec la nouvelle stratégie annoncée, il pourra sans doute être possible d’empêcher l’EIIL de contrôler davantage de terres en Irak et en Syrie et de trouver des ouvertures vers d’autres pays comme la Jordanie et le Liban, tout en le faisant reculer à certains endroits.

L’image colonialiste

L’essence du discours politique de structures telles que l’EIIL, Al Qaida et leurs semblables, c’est l’anti-occidentalisme et surtout l’anti-américanisme. Avec l’annonce de la nouvelle stratégie d’Obama, il est clair que l’EIIL est en train d’accumuler de nouveaux atouts pour renforcer sa propagande. D’ailleurs, des soutiens de la part d’autres groupes islamistes s’étaient faits plus nombreux du fait du renforcement récent de l’EIIL en Irak et en Syrie. L’intervention directe éventuelle de l’Occident risque de faciliter et de multiplier encore ces ralliements.

Une image anti-islam

Dans le monde musulman, il n’est guère possible de dire que la lutte menée contre l’EIIL est de nature idéologique. Ainsi, jusqu’à présent, aucun leader n’a affirmé aussi fort qu’Obama que l’EIIL n’avait rien à voir avec l’islam. Mais il est évident qu’une mission aussi importante que de sauver l’islam et les Musulmans de l’EIIL ne pourra jamais être endossée par Obama et les Occidentaux. L’influence de l’Iran étant limitée à cause des différences confessionnelles, il aurait pu y avoir certains leaders du monde islamique pour assumer ce rôle, ce que personne ne fait pour le moment.

Faire la guerre en Irak et en Syrie en même temps

L’aspect le plus solide de la stratégie d’Obama, c’est sa vision que la guerre contre l’EIIL ne peut se limiter à l’Irak : elle englobe la Syrie aussi. Mais en raison de la différence de traitement entre les acteurs et des conditions du terrain (par exemple on agit de concert avec le gouvernement irakien mais on garde ses distances avec le régime d’Assad à Damas), la coordination des opérations entre ces deux pays risque d’être difficile.

Le manque de franchise au sujet des volontaires étrangers

Pour vaincre l’EIIL, une condition sine qua non est d’endiguer l’afflux de volontaires venant d’autres pays pour le renforcer. Mais il y a un problème sérieux à cet égard: plusieurs États, la plupart occidentaux, sont en réalité assez satisfaits de voir ces gens partir pour la guerre en Irak et en Syrie. Ils n’empêchent pas leur départ, en espérant ainsi s’en débarrasser, et lorsque le problème vient à l’ordre du jour, ils préfèrent accuser les pays comme la Turquie par où transitent ces volontaires. Mais ils sont totalement imprudents: quand les salafistes partent pour la guerre sainte (djihad) à l’étranger, leur pays d’origine n’en devient pas plus paisible pour autant ! Bien au contraire, les histoires de ceux qui sont partis donnent à de nombreuses personnes des occasions de suivre leur exemple. Si l’on ne barre pas la route à l’EIIL et à ses semblables, il faut s’attendre à une éventuelle transformation de tous les coins de la Terre en “terre de djihad”.

L’incertitude de l’après-EIIL

L’EIIL est une organisation qui est apparue et qui s’est renforcée à la suite de toute une série de problèmes vécus en Irak, en Syrie et dans le monde musulman en général. Il sera difficile de vaincre l’EIIL sans affronter ces problèmes, et sans faire des vrais pas pour leur trouver des solutions. Mais même si on y arrive, l’EIIL peut rapidement renaître de ses cendres, elle-même ou une toute autre nouvelle structure. Et cela de façon peut-être encore plus puissante et efficace, un peu comme l’EIIL a surgi à la suite d’Al Qadia.

La Turquie à contrecœur

Unique membre musulman de l’OTAN et pays limitrophe de l’Irak et de la Syrie, la Turquie devrait en principe assumer un rôle central dans la lutte contre l’EIIL, mais il semble que ce ne sera pas le cas. Le fait que l’EIIL détienne 49 Turcs (diplomates, gardes et leurs familles) comme otages en est la première raison. Mais il y a d’autres raisons aussi.  Ankara s’inquiète surtout de l’absence, dans la stratégie d’Obama, de forces occidentales dans les opérations terrestres, alors que sont prévues toutes sortes d’autres aides et soutiens aux forces combattant contre l’EIIL. Car c’est du coup le PKK et les forces armées qui lui sont liées qui sont devenus les plus visibles et qui sont au premier plan en Irak et en Syrie. Cette attitude de la Turquie, adoptée  à contrecœur, minimise les chances de réussite de la stratégie d’Obama.
Nous traiterons de ce sujet dans notre article de demain, en abordant les problèmes que cette stratégie pourrait rencontrer en Irak et en Syrie.

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YAZI DİZİSİ

1	La nouvelle stratégie occidentale contre l’EIIL-1. Obama comme “sauveur de l’islam et des Musulmans contre les griffes de l’EIIL”?	12.09.2014
2	La nouvelle stratégie occidentale contre l’EIIL-2. Contre l’EIIL: Ankara à contrecœur et Qandil résolument	14.09.2014

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