Öcalan et le Mouvement politique kurde seraient-ils otages du Gouvernement?

18.07.2014 Vatan
Traduit par: Haldun BAYRI /
Orjinal Metin (tr-18/07/2014)

Avec la candidature de Selahattin Demirtaş au nom du HDP à l’élection présidentielle, le parti en particulier et en général le Mouvement politique kurde (MPK) sont passés au premier plan de l’ordre du jour. Quand on considère l’élan que ce mouvement a pris ces derniers temps, et aussi la campagne silencieuse et peu politique du Prof. Ekmeleddin İhsanoğlu, candidat du CHP+MHP, il n’y a pas grande grand-chose qui puisse étonner.
  Mais il y a pourtant une situation qui surprend sérieusement : tant les observateurs neutres que ceux qui souhaitent lui venir en soutien, la plupart de ceux qui prennent la parole de « l’extérieur » à propos du MPK, ne le considèrent pas comme un élément indépendant qui agirait selon son propre ordre du jour. Ils pensent que le MPK est conduit par tel ou tel sujet extérieur à lui, ou qu’il est condamné à l’être.
  Par exemple dans les commentaire sur la campagne pour l’élection présidentielle, les tenants d’Erdoğan critiquent le HDP d’être « une nouvelle structure anti-AKP », selon les dires d’Ali Bayramoğlu, chroniqueur à Yeni Şafak ; et les détracteurs d’Erdoğan le qualifient comme « un élément qui diviserait les voix, et entraverait İhsanoğlu », toujours selon les dires de Bayramoğlu.
  Il y a aussi ceux qui soutiennent le HDP, parmi lesquels il y en a beaucoup qui assignent à Demirtaş la mission essentielle de « passer un savon à Erdoğan ».

À chacun son cinéma

On peut voir que chacun, dans son scénario, se soucie d’offrir un second rôle au Mouvement politique kurde. Or le MPK est en train de tourner son propre film, où il tient le premier rôle. Et justement à cause de cela, c’est-à-dire parce que le pouvoir politique et l’opposition fuient un affrontement avec cette réalité et sa reconnaissance, le film s’interrompt. Parce que, s’ils admettent que le MPK est un sujet indépendant extrêmement influent et par endroits même capable de devenir déterminant sur la destinée de la Turquie et de la région, ils devront laisser tomber leur leçon apprise par cœur et développer un nouveau style, un nouveau discours, et de nouvelles politiques sur toute une série de dossiers vitaux, à commencer par le problème kurde et les autres problèmes régionaux.
  Mais sans doute parce qu’ils n’ont plus la force pour cela, ils s’accrochent à des facilités. Il est surprenant et insensé que, dans ce contexte, l’opposition traite le MPK par le biais d’Abdullah Öcalan, qui apparaît comme un otage du gouvernement et plus clairement du Premier Ministre Erdoğan ; et aussi que les milieux du gouvernement ne s’y opposent guère. Par exemple tout un cortège de chroniqueurs, connus comme proches d’Erdoğan, ont multiplié les avertissement destinés à Demirtaş, comme si certaines limites avaient été tracées pour le MPK par le gouvernement, et que le MPK les avaient transgressées ; et ils lui ont rappelé « le facteur Öcalan » comme ils l’ont déjà souvent fait.

Le facteur Öcalan

À vrai dire, jouée sur la table par les milieux gouvernementaux chaque fois qu’ils sont embarrassés face aux HDP/BDP et Kandil/KCK/PKK (les deux autres pieds du MPK), la carte d’Öcalan/İmralı commence à devenir de plus en plus insolite. Le secret des progrès successifs du MPK depuis l’emprisonnement d’Öcalan sur l’île d’İmralı, et surtout depuis que l’AKP a des pourparlers directs avec İmralı et Kandil pour la résolution du problème, réside sans doute dans l’harmonie entre chacun des trois pieds de ce mouvement : İmralı/Kandil/Ankara.
  Le fait que Öcalan incarne le début et la fin du MPK ne signifie certainement pas que les autres sections du mouvement n’aient aucune fonction. D’ailleurs nous ne l’avons pas vu récemment s’affronter sérieusement aux autres acteurs du mouvement par ses appréciations ou ses instructions
  Ce qui est certain, c’est qu’Öcalan pouvait faire des pas qui auraient coincé sérieusement le Gouvernement et Erdoğan pendant les manifestations de Gezi et le processus de 17-25 décembre, mais il ne l’a pas fait. Le considérer, de ce fait, comme simplement « otage du Gouvernement » serait futile. Car l’affaiblissement d’un leader politique qui les traite comme des interlocuteurs directs, pendant que tous les autres acteurs d’opposition sont extrêmement frileux à propos de la résolution du problème kurde, n’aurait été d’aucune manière utile pour Öcalan et le MPK.
  Enfin, d’autres acteurs pourraient trouver d’autres significations à leur guise pour la candidature de Selahattin Demirtaş à la Présidence de la République, mais il faudrait considérer cela comme un nouvelle épisode du film où le MPK tient le premier rôle.

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