Les six raisons d’hésiter du Gouvernement concernant l’EIIL

16.09.2014 Vatan
Traduit par: Haldun BAYRI /
Orjinal Metin (tr-15/09/2014)

Ayant continuellement fait appel pendant des années à la communauté internationale, et surtout aux pays occidentaux avec lesquels elle collabore dans l’OTAN, pour “une lutte commune contre le terrorisme”, la Turquie ne fait pas partie de la coalition actuelle contre la terreur de l’EIIL, mise sur pied par les États-Unis. En plus, on comprend que dans la coalition en question se trouveront les organisations armées qui sont en liaison ouverte ou discrète avec le PKK. Pourquoi ces hésitations d’Ankara? Nous pouvons mentionner six raisons:

1)  Les 49 otages
Évidemment, il faut évoquer avant tout la prise de 49 personnes en otages par l’EIIL à la suite de l’assaut organisé contre le Consulat Général de la Turquie à Mossoul. À la faveur de cet assaut qui lui permet de tenir la Turquie en grande partie à distance de l’Irak et de la Syrie, l’EIIL a prouvé que l’on ne doit pas le sous-estimer du point de vue stratégique, tandis qu’Ankara n’a apporté aucune solution au problème des otages, hormis l’interdiction aux médias d’en parler.

2)  Le transfert de la terreur sur le territoire turc
La lumière n’est toujours pas clairement faite sur l’événement de Reyhanlı qui a été le plus grand attentat terroriste de l’histoire de la République turque. Que cela ait été orchestré par le régime d’Assad ou par l’une des organisations radicales islamistes, cet événement a révélé la très lourde facture que l’intervention directe dans les crises régionales nous impose de payer. Si la Turquie se range ouvertement dans la coalition internationale contre l’EIIL, les vies de tous ses citoyens pourraient être en danger. Et ce ne sera pas très difficile de passer à l’action pour l’EIIL et les structures semblables qui connaissent très bien la Turquie et qui y sont bien installés après l’avoir utilisée comme voie de transit depuis quelque temps. Par ailleurs, chaque jour sont révélés dans les médias internationaux de nouveaux exemples de candidats originaires de notre pays, qui partent à la guerre en Irak ou en Syrie.

3)  Le maintien du régime d’Assad
Même si le Président Obama a déclaré qu’il ne collaborerait pas avec le régime baassiste, la poursuite de la lutte contre l’EIIL sur le territoire syrien renforce naturellement la main de Bachar el Assad. Ce qui conduit à une grande déception du Gouvernement de l’AKP qui s’était fortement engagé pour que le régime syrien soit renversé et qui a payé une grande facture pour cela (avec des centaines de milliers de réfugiés et tous les problèmes qui en découlent, en plus de la terreur transférée sur son territoire...).

4)  Adieu au leadership régional
On ne peut pas dire en vérité que la Turquie soit satisfaite de la situation actuelle de l’Irak et de la Syrie où sévit l’EIIL. Mais il est clair que dans le cas où l’EIIL était liquidé, le rapport des forces dans la région changerait au détriment d’Ankara. Ce qui pourrait mettre fin, comme l’a écrit hier Soli Özel dans Habertürk, à l’ambition pour la Turquie de devenir le leader de la région, ambition renforcée depuis le “Printemps Arabe”, mais qui a reçu des coups sérieux avec le putsch en Égypte.

5)  La transformation du PKK en une force régionale
Ayant déjà beaucoup écrit sur ce sujet, je ne voudrais pas entrer à nouveau dans les détails, mais la montée en puissance manifeste et indépendante du YPG, dans la mouvance du PKK, dans la guerre contre l’EIIL en Syrie, et du HPG avec des Pechmergas en Irak, dérange Ankara. On se souviendra d’ailleurs que les affirmations selon lesquelles le Gouvernement de l’AKP aurait soutenu les groupes islamistes radicaux en Syrie avaient trouvé argument dans une recherche d’entrave au PYD qui avance dans la mouvance d’Öcalan. Mais il serait utile de ne pas oublier ceci: si le PYD et ses branches armées n’avaient pas mené cette guerre, au grand dam d’Ankara, une grande partie de la frontière turco-syrienne serait actuellement contrôlée par des groupes radicaux comme l’EIIL et Al Nousra.

6)  La faiblesse du plan d’Obama
Le plan de lutte contre l’EIIL annoncé par Obama contient toute une série de carences, d’erreurs, etc., ce qui est justement critiqué par les porte-paroles du gouvernement de l’AKP. Nous pouvons aisément affirmer que cette affaire ne peut pas être réglée en trois ans comme Obama l’espère. Et que son réglement ne signifiera pas qu’une solution a été définitivement trouvée. Car si aucun pas sérieux n’est fait pour une solution globale et durable des problèmes qui font actuellement le lit de l’EIIL et des structures semblables, il est probable que, dans un proche avenir, des organisations neuves et sans doute encore plus puissantes et plus effrayantes prendront forme.
Mais il ne faut pas oublier également ceci: Même si Ankara a des arguments totalement légitimes, il y aura un prix à payer du fait de sa non-participation à une coalition où tous ses alliés se trouvent et qui vise à la résolution d’un problème critique qui l’intéresse de très près. Dès les premiers jours de cette coalition, commencent d’ailleurs à apparaître les premiers signes qui annoncent la préparation de cette facture qu’il faudra acquitter.




Destek olmak ister misiniz?
Doğru haber, özgün ve özgür yorum ihtiyacı
Bugün dünyada gazeteciler birer aktivist olmaya zorlanıyor. Bu durum, kutuplaşmanın alabildiğine keskin olduğu Türkiye'de daha fazla karşımıza çıkıyor. Halbuki gazeteci, elinden geldiğince, doğru haber ile özgün ve özgür yorumla toplumun tüm kesimlerine ulaşmaya çalışmalı ve bu yolla, kutuplaşmayı artırma değil azaltmayı kendine hedef edinmeli. Devamı için

Tous les articles (10)
17.06.2023 Au pays du RAKI : Entretien avec François GEORGEON
17.08.2021 Y a-t-il un avenir pour l’Afghanistan? Entretien avec Olivier Roy
26.07.2021 « Si tu les aimes tant, héberge deux afghans chez toi»
27.01.2021 Ceux qui prennent leur distance avec le HDP
26.01.2021 La nouvelle quête d’Erdoğan: Colombe à l’extérieur, Faucon à l’intérieur
09.11.2020 Démission de Berat Albayrak: et soudain, le maillon le plus fort de la chaine a laché.
03.11.2020 Est-ce que des attaques similaires à celles vécues en France et en Autriche pourraient se reproduire en Turquie ?
12.05.2020 Les guerres post-modernes de la mafia en Turquie
30.04.2020 Turquie: Les enfants des familles pieuses à la quête de sens
20.04.2020 Pourquoi le pouvoir en Turquie craint-il tant les municipalités ?
10.11.2024 Abdullah Öcalan’a sormak istediğim 20 soru
22.09.2024 Ruşen Çakır nivîsî: Di benda hevdîtina Erdogan û Esed de
17.06.2023 Au pays du RAKI : Entretien avec François GEORGEON
21.03.2022 Ruşen Çakır: Laicism out, secularism in
19.08.2019 Erneute Amtsenthebung: Erdogans große Verzweiflung
05.05.2015 CHP-şi Goşaonuş Sthrateji: Xetselaşi Coxo Phri-Elişina Mualefeti
03.04.2015 Djihadisti I polzuyutsya globalizatsiey I stanovitsya yeyo jertvami. Polnıy test intervyu s jilem kepelem
10.03.2015 Aya Ankara Az Kobani Darse Ebrat Khahad Gereft?
08.03.2015 La esperada operación de Mosul: ¿Combatirá Ankara contra el Estado Islámico (de Irak y el Levante)?
18.07.2014 Ankarayi Miçin arevelki haşvehararı