Le passage de "ni charia ni démocratie" à "ou charia ou démocratie"

23.03.2014 rusencakir.com
Traduit par: Haldun BAYRI /
Orjinal Metin (tr-10/03/2014)

Dans les tentatives de compréhension du mouvement islamique en Turquie, une erreur fréquemment commise, à l’intérieur comme à l’extérieur, et qui est peut-être l’erreur la plus grave, c’est qu’en considérant sa position “en dehors du système”, on appréhende et on montre ce mouvement comme “contre le système”. Évidemment, comme tout mouvement politique, l’islamisme en Turquie aussi veut prendre place au centre du système et s’emparer du pouvoir politique. Mais en dernière analyse, le mouvement islamique en Turquie n’a jamais eu une prétention de changer ou de transformer le système. La preuve la plus flagrante en est que, en dépit de sa possession et de son contrôle d’une grande part de l’appareil d’État grâce à son monopole sur le pouvoir politique depuis 12 ans, l’AKP n’a pas touché à l’essence du système.
Autrement dit, les islamistes n’ont pas marqué le système de leurs propres couleurs par l’intermédiaire de l’AKP, au contraire ils se sont parés des couleurs du système. Ce qui signifie, comme nous l’avons déjà écrit (voir article antérieur tr es), que le mouvement islamique s’est désenchanté de sa propre initiative.

Des accusations réciproques et justifiées
Cette crise inéluctable que traverse désormais l’islamisme et le blocage qui en découle sont devenus flagrants avec la guerre qui a éclaté entre la communauté de Gülen et le gouvernement de l’AKP. A tel point que, lorsque le foyer politique le plus puissant (l’AKP) et le foyer social le plus puissant (La Communauté) du mouvement islamique se sont retrouvés seuls au centre du système, ils se sont engagés dans une guerre impitoyable entre eux.
Dans cette guerre ouverte menée depuis le 17 décembre 2013, et sans en oublier les antécédents, La Communauté tente de nous convaincre que le Gouvernement se sert de ses réalisations pour fonder ses actions de corruption et aussi pour les couvrir. Quant au Gouvernement, il s’efforce de prouver que la Communauté fomente des complots destinés à assurer son emprise exclusive sur l’État, en s’appuyant sur la légitimité que ses activités lui offrent, tout en se dissimulant derrière ces mêmes activités.
Ceux qui, comme moi, croient dans une large mesure à la véracité de ces accusations respectives doivent penser aussi que ni l’AKP ni la communauté de Gülen ne pourront continuer longtemps comme ça, indépendamment du résultat de leur lutte fratricide.

Des chemins qui divergent
Le sous-titre de mon livre Ni charia ni démocratie, paru à la suite des élections municipales du mars 1994 était : « Comprendre le Parti de la Prospérité (PP) ». Car je pensais que le PP, comme la plupart des partis islamistes du pays, était pour la charia « à sa façon », et aussi pour la démocratie « à sa façon ». Au stade actuel de l’expérience de pouvoir acquise par l’AKP, nous constatons que les islamistes font face à un impératif qui les pousse à faire un choix entre la charia et la démocratie, et à mettre ainsi un terme à la période « et pour la charia, et pour la démocratie ». Ils sont désormais obligés de choisir.
Il faut rappeler ici que Ahmet Turan Alkan, du quotidien Zaman, a écrit : « La nouvelle étoile montante de la politique en Turquie sera une idée maîtresse libératrice et laïque » ; et İhsan Dağı de soutenir la même chose, dans le même quotidien : « On a compris que la religiosité des tenants du pouvoir ne les empêchaient pas, eux et leur entourage, de se conduire en despotes, sans égards pour le droit ni les règles, et en dirigeants corrompus. On sait que la qualité à rechercher chez les dirigeants n’est pas la religiosité, c’est le respect du droit, mais un droit basé sur les valeurs et la morale universelles… ».
S’il n’y avait que ce choix entre charia et démocratie, nous aurions dû rester silencieux face à la guerre que se livrent la Communauté et le Gouvernement, voire la provoquer un peu. Mais il n’en est rien. Et même plus : le choix le plus vraisemblable n’est sans doute pas la démocratie. Du moins selon moi…
Car après cette grande déception et la débâcle que le mouvement islamique traverse, la Turquie peut être témoin d’une vague islamiste d’une dureté qu’elle n’a jamais connue auparavant dans son histoire. L’islamisme n’est pas un problème en soi. Mais j’entends essentiellement le courant appelé « nouveau salafisme ». Je pense que tout ce que nous venons de vivre constitue une base extrêmement favorable pour le courant << nouveau salafiste >> qui a déjà bouleversé plusieurs pays de l'Islam et la plupart des communautés musulmanes vivant en Occident, ce qui inquiète surtout les formations islamiques traditionnelles, et cela même si ce courant n'a jamais pu s'enraciner sérieusement en Turquie jusqu'aujourd'hui. 




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